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naître un peu les mœurs des temps primitifs pour se persuader que cette production élégante et polie ne leur appartient pas, et ne peut leur appartenir. Le poème de Héro et de Léandre porte évidemment le caractère d’un siècle où l’amour avait perdu les formes simples et grossières des premiers âges ; on y reconnaît facilement une époque où les poètes raffinaient déjà sur l’amour et la galanterie, où les sentimens s’unissaient à la politesse des mœurs. L’auteur du poème de Héro et de Léandre parle de l’amour comme Ovide, ce qui ne ressemble guère à l’amour des temps héroïques. Les deux épîtres d’Ovide, l’une de Héro à Léandre, l’autre de Léandre à Hero, nous rappellent les mœurs galantes de Rome sous Auguste, et de la Grèce à cette époque. La première de ces épîtres exprime avec une rare perfection les inquiétudes, les alarmes, les sentimens divers d’une femme passionnée qui attend son amant ; la seconde est fort inférieure à la première : elle ne renferme que des idées vagues et communes, et ne dit rien ni au cœur ni à l’esprit. On doit croire que Musée le grammairien a connu les deux épîtres d’Ovide : elles ont même pu lui fournir l’idée de son poème ; mais l’auteur grec a de beaucoup surpassé son modèle.

Comme la tramontane grondait toujours, et que nous n’avions guère que nos livres pour passe-temps, nous n’avons eu rien de mieux à faire que de lire la Fiancée d’Abydos, de lord Byron ; il était