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l’antiquité ? À la vue de la côte de Sestos, nous cherchons la tour on Héro se tenait autrefois, un flambeau à la main, pour guider Léandre à travers les flots ; nous mesurons des yeux le détroit retentissant de l’antique Abydos qui déplore encore aujourd’hui l’amour et le trépas de l’infortuné Léandre. Ces dernières paroles vous rappellent sans doute le charmant poème de Musée, car c’est par là que le poète grec commence son récit. Le poème de Musée, si plein de gracieuses peintures, ne doit-il pas avoir un charme et un intérêt de plus quand on le lit en présence de Sestos et d’Abydos ? Nous nous sommes donné le plaisir de cette lecture, assis sous notre grand noyer. Vous savez combien l’Iliade animait pour nous les campagnes de Troie les souvenirs littéraires appliqués aux localités ont un intérêt que je ne puis exprimer. Ce qu’on lit, ce qu’on entend n’est pas seulement de la belle poésie, c’est un tableau animé qui passe sous les yeux : les personnages revivent autour de nous, et le récit du poète devient une scène à laquelle on est présent.

Ainsi, en lisant le poème de Musée, nous croyons voir les villes de Sestos et d’Abydos telles qu’elles furent autrefois ; nous assistons à la fête de Vénus et d’Adonis, où la jeunesse d’Orient avait coutume d’accourir. Ce fut a cette fête que Léandre vit pour la première fois la jeune Héro, prêtresse de Vénus ; elle brillait dans le temple semblable à