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époque dans ces temps modernes a dû augmenter le nombre des captifs ou des prisonniers de guerre ; et cette époque n’a pas été moins malheureuse pour les Turcs que pour leurs ennemis : je veux parler de la révolution de la Grèce. On a compté à Constantinople plus de dix mille esclaves venus de la Morée et des îles de l’Archipel. Après les désastres de Chio, d’Ipsara, d’Aivadi, les soldats turcs vendaient un esclave pour deux ou trois piastres. Dans une pareille, guerre, les oiseaux de proie et les marchands d’esclaves étaient les seuls qui pussent se réjouir d’une victoire, les uns cherchant leur pâture parmi les morts, les autres trafiquant de la liberté de ceux qui avaient survécu. Le fanatisme avait tellement aveuglé les Turcs, qu’ils montrèrent en cette occasion plus de férocité qu’à l’ordinaire. Une grande partie de la population des îles se trouva dispersée dans les villes musulmanes. Les Turcs vendaient d’un côté les enfans à la mamelle et de l’autre la mère qui les allaitait, oubliant ainsi cette maxime de leur prophète : « Celui qui séparera la mère de l’enfant, sera séparé aussi de ses frères et de ses proches au jour du dernier jugement ». On remplirait plusieurs gros volumes avec les histoires lamentables que j’entends raconter tous les jours sur de pauvres familles grecques, arrachées à leurs foyers et traînées dans la servitude. Ce qui a rendu le mal presque irréparable, c’est que les chrétiens emmenés ainsi en capti-