Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée

muns sur la morale et par des maximes tirées de la sagesse des nations, c’est-à-dire par des proverbes. Cette manière de s’exprimer par sentence est souvent un moyen d’échapper aux questions, et les Turcs sont très-habiles dans cet art de parler sans rien dire. Après nous avoir débité quelques maximes orientales, le pacha a fait un signe ; un esclave a promené devant nous une cassolette d’où s’exhalaient des parfums ; un autre esclave a répandu sur nos mains et sur nos vétemens des eaux odoriférantes cette dernière cérémonie est ordinairement le signal par lequel celui qui vous reçoit vous invite à prendre congé de lui. Quand nous sommes sortis, son excellence s’est levée de son sopha comme elle l’avait fait à notre arrivée.

Un événement qui a beaucoup occupé les Dardanelles ces jours derniers achèvera de vous faire connaître la politique du pacha. Voici le fait : Une femme turque, lasse d’être battue par son mari, prend le parti de s’enfuir du harem et de retourner à l’île de Samothrace sa patrie. Elle se réfugie dans un navire portant pavillon russe ; le mari va se plaindre au pacha, qui envoie aussitôt des soldats turcs pour ressaisir la fugitive. Cette affaire, qui dans tout autre temps eut été sans conséquence, prenait une certaine, importance dans la situation où se trouve la Porte vis-à-vis de la Russie. Le consul de cette nation a protesté contre l’outrage fait à sa bannière ; les autres consuls