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ticulièrement aux hommes qui ont tenu à leur communauté par les liens de l’affiliation. Le supérieur du téké est comme l’iman de la paroisse musulmane de Péra. Les mèvlévi sont bons et charitables, et tout le monde ici les aime ; ils ont gardé fidèlement les préceptes de Djélalédin, leur fondateur, qui disait : Le derviche que je cherche est celui qui, entendant les soupirs du pauvre, s’arrête et lui demande : Que désires-tu ? me voila. On remarque dans le cimetière des derviches-tourneurs ie tombeau du comte de Bonneval, appelé dans son épitaphe, Achmed-Pacha, chef des bombardiers. Jean-Baptiste Rousseau avait adressé une ode au comte de Bonneval, lorsque celui-ci était lieutenant-général des armées d’Allemagne. Je me suis donné le plaisir de relire cette pièce de vers près de la tombe musulmane du comte de Bonneval. Quand Rousseau écrivit cette ode, il ne se doutait point qu’elle serait récitée un jour dans un cimetière de derviches, en présence du mausolée de son héros surmonté d’un turban. L’avant-dernière strophe, un peu contraire à la foi du Coran, m’a paru surtout piquante dans cette circonstance. Après avoir peint l’ivresse des vendangeurs en automne, Rousseau poursuit ainsi, en s’adressant au général qui fut depuis Achmed-pacha :


Tandis que toute la campagne
Retentit de leur doux transport,