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pays. Il en est de certains préjugés comme d’un son ou d’un bruit, qui s’affaiblit ou s’évanouit par la distance.

Vous n’avez point oublié les deux derviches que nous avons rencontrés sur les rivages de l’Hellespont ; c’est en causant avec les deux cénobites de la vallée des Noisetiers, que nous avons commencé à connaître ce qu’était la vie religieuse en Turquie. Nous avons retrouvé à Péra d’autres derviches, les mèvlévi ou les derviches tourneurs ; nous avons quelquefois assisté ensemble au curieux spectacle qu’ils donnent tous les mardis et vendredis. L’oratoire qui les rassemble après le namaz de midi, est situé dans un cimetière qui leur appartient et se détache de leur téké ou monastère ; beaucoup de voyageurs ont décrit leurs danses religieuses au bruit des flûtes et des timbales. Les mèvlévi sont de tous les cénobites musulmans ceux que les Turcs estiment et révèrent le plus : les vrais croyans se recommandent à leurs prières ou s’affilient à leurs associations, et leur donnent en échange des aumônes ou leur lèguent des biens en mourant. Le fameux Halet-effendi était un affilié de cet ordre, et avait fondé une bibliothèque dans le téké des mèvlévi. Ce sont les mèvlévi qui firent pêcher dans le Bosphore la tête d’Halet-effendï ; vous avez vu dans leur cimetière le mausolée qui renferme la tête du visir. Ces derviches rendent souvent les derniers devoirs aux victimes du despotisme, par-