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rieux, ce serait de suivre la colline de Péra dans ses rapports avec les habitans du sérail et le ministère ottoman. Dans un pays où personne ne peut s’approcher d’un grand personnage les mains vides, où tout le monde, le sultan lui-même, demande son bakchich, je vous laisse à penser si la corruption doit se trouver à l’aise ; aussi marche-t-elle le front levé ; le mensonge et l’argent, voilà le mobile des affaires. Vous pouvez juger par là de ce qu’il faut faire pour se mettre en crédit et pour s’avancer dans la carrière ; j’ai entendu citer des hommes d’honneur qu’on accuse de gâter le métier, parce qu’ils ont du désintéressement ; on leur reproche de n’arriver jamais à leur but, parce qu’ils ont conservé l’habitude de marcher droit, et qu’en outre ils embarrassent et trompent tout le monde à force de dire la vérité ; comment pourront-ils se tenir dans cette Babylone ? La place ne doit-elle pas à la fin rester à ceux qui n’apportent point dans les affaires des scrupules embarrassans, et qui ont eu soin de jeter bien loin derrière eux le bagage incommode d’une probité sévère et d’une conscience intraitable ? D’ailleurs nous avons ouï dire que les cabinets d’Europe paraissent ne pas trop désapprouver ce qui se fait à Péra, et le temps est venu peut-être où la corruption et le mensonge seront ici l’ultima ratio regum.

J’arrive à la classe des aventuriers qu’on pourrait subdiviser en plusieurs classes particulières. Les