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accusé avait été puni, sans avoir été jugé, le pacha lui a répondu, qu’il avait regardé sa plainte comme un jugement. Le pacha a, comme le sultan Mahmoud, la manie de bâtir, et par là il est devenu là terreur des ouvriers, car il les force de travailler, et il ne les paie pas, ou les paie si mal qu’ils meurent de faim à son service. Toutes les fois qu’il veut réparer ou bâtir un kioske, ou seulement remuer une pierre dans la ville et à la campagne, tout ce qu’il y a ici de matons et de charpentiers prend la fuite. Vous me demanderez quel est l’opinion du pacha par rapport à là réforme qu’on veut opérer ; je ne crois pas qu’il ait d’autre politique que celle de rester en place. Il est comme beaucoup de gens qu’on rencontre partout, qui n’ont point d’opinions, et qui font leur chemin avec les opinions des autres. Il croit que le vent de la faveur vient aujourd’hui de l’Occident, et que les Francs ont quelque crédit sur l’esprit du sultan Mahmoud ; il fait sa cour aux Francs, il la fera demain aux janissaires, si la fortune vient à changer, toujours prêt à servir tout ce qui réussira, mais bien décidé à ne pas se faire étrangler pour un parti.

À présent que vous connaissez un peu le pacha des Dardanelles, vous prendrez peut-être quelque intérêt à nous suivre dans notre présentation à son excellence. Nous avons été présentés ce matin, on nous a fait un accueil magnifique. D’abord le pacha s’est levé pour nous recevoir, ce qu’un Turc ne fait