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d’abandonner des provinces occupées par des chrétiens, car un Osmanli ne reste guère sur une terre où ne domine plus le Croissant ; je n’en veux pour preuve que les continuelles émigrations des Turcs de la Crimée. Supposez même que les Osmanlis n’abandonnent point la Turquie, soumise aux armes des Russes, que faire d’un peuple indolent, paresseux, misérable et toujours prêt à se révolter ? Peut-on croire que le czar veuille ajouter des déserts à ceux qu’il a déjà, et qu’il songe à étendre son pouvoir sur des populations qu’il ne pourrait jamais associer à ses desseins ni soumettre à ses lois ? Resteraient les Grecs, mais les Grecs suffiraient-ils à peupler le pays, et seraient-ils des sujets plus commodes ? Je ne parle point ici des mécontentemens et des oppositions qu’une pareille conquête trouverait en Europe. Tout bien considéré, je pense qu’il y a plus de gloire à protéger ou plutôt à laisser vivre ce vieil empire y qu’il n’y aurait de profit à le conquérir.

L’accord des cabinets suffit maintenant pour mettre la Turquie à l’abri d’une invasion étrangère ; mais que d’autres causes de destruction et de ruines ! Un esprit d’opposition qui s’appuie sur la loi religieuse, qu’entretiennent le fanatisme et les vieux préjugés, voilà pour la dynastie ottomane une source de difficultés, d’embarras, de périls, que la diplomatie ne saurait écarter ni prévenir. Si l’Europe chrétienne se mêlait aux discordes inté-