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frappé que cette inertie obstinée, que cette immobilité opiniâtre avec laquelle ils résistent à la supériorité de leurs ennemis et à la force du temps qui les entraîne. Aussi, leurs diplomates sont-ils les gens les plus habiles du monde à élever des incidens pour qu’une affaire ne se termine point ou pour qu’elle recommence si elle vient à finir. Dans certaines occasions, les avertissemens, les menaces, les périls, la nécessité même, rien ne peut les déterminer à presser une négociation ; ils bravent tout plutôt que de prendre un parti ; car, disent-ils, le chien aboye et la caravane passe.

Il y a bien long-temps qu’on négocie pour les affaires de la Grèce. Ces négociations ne sont guère plus avancées que le premier jour ; je me rappelle que lorsque j’allai à Athènes, je me trouvai avec M. Rouan, ministre français, chez le pacha de Négrepont. M. Rouan venait signifier aux commandans turcs l’ordre d’évacuer l’Acropolis et de laisser la place aux commissaires de Capo-d’Istria ; tout cela était convenu avec les puissances alliées, et les Turcs devaient y accéder. Comme je ne connaissais rien encore de la politique ottomane, j’avais envie de rester dans la ville de Minerve, afin de visiter la citadelle qui allait bientôt être évacuée, et pour contempler à mon aise les ruines du Parthenon, dont l’accès avait été long-temps interdit aux voyageurs ; cependant, sur l’avis de gens qui en savaient beaucoup plus que moi, je continuai ma