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au divan ; ce qui fait que Moustapha ne manque pas d’ennemis qui cherchent à le perdre. Le sort d’Halet-Effendi doit sans doute se présenter souvent à sa pensée ; la haine l’attend à la première secousse violente, au premier événement fâcheux, car ce n’est que dans les momens de crise et dans les jour si malheureux qu’on ose dire la vérité aux sultans sur leurs favoris.

Vous venez de voir quels sont les personnages les plus influens dans le divan et au sérail ; un des préjugés du despotisme ottoman est de croire que tous les hommes sont également propres à le servir, et que ceux qu’il appelle au pouvoir ont toutes les qualités nécessaires, par l’unique raison qu’il les a choisis ; ce préjugé de la puissance absolue, auquel n’a point encore renoncé le sultan, et qui n’a pas de grands inconvéniens quand les choses vont toutes seules, suffit pour tout perdre dans les jours de péril ; je ne connais point tous les ministres de sa hautesse, mais on assure qu’il n’y en a aucun dont la capacité et le caractère répondent à la gravité des circonstances présentes. C’est une remarque qu’il ne faut pas négliger de faire en cette occasion ; car, pour juger de ce que peut devenir un empire menacé de sa ruine, il suffit de savoir quels sont les hommes appelés pour le sauver.