Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/374

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme courtisan, et s’en moque comme soldat ; il fait respecter autour de lui les réglemens de la discipline nouvelle ; mais la turbulence et l’ardeur des troupes irrégulières conviennent mieux au caractère impétueux de sa bravoure ; on assure même que le Divan retient le visir à Thessalonique, parce que sa présence à Constantinople nuirait aux opérations du séraskier. Il en est de même d’Hussein-pacha, retenu à l’armée du Danube ; ce dernier, comme vous savez, a puissamment contribué à la destruction des janissaires, mais il ne comprend pas encore qu’on puisse mettre quelque chose à leur place ; ainsi là Turquie nous offre d’illustres guerriers qui sont tout à la fois la gloire d’un siècle réformateur et la tradition vivante des temps de la barbarie.

J’ai vu plusieurs fois le nouveau capitan-pacha ; c’est un homme de vingt-huit à trente ans ; il parle français assez facilement ; sa physionomie est douce et sans expression ; son ambassade à Pétersbourg a fait porter sur lui tous les regards ; à son retour à Stamboul, il a été reçu en triomphe, et quoiqu’il n’ait jamais commandé un vaisseau de ligne ni une frégate, on n’a pas hésité à le proclamer l’habile nageur à travers les écueils et les îles de l’archipel, le champion des mers d’un horizons à l’autre ; c’est la qualification qu’on donne au grand amiral, lors de son installation. Khalil-pacha parait avoir la meilleure envie de réparer les désastres de