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à tout ce qui fait que l’Europe porte aujourd’hui ses regards sur la Turquie.

Le séraskier Hosrew-pacha a près de quatre-vingts ans et montre encore une grande vigueur ; un teint que la rougeur anime, et l’œil ardent de la jeunesse sous un front ridé, sous des sourcils blanchis par le temps, donnent à sa physionomie une expression singulière ; il est boiteux et se tient difficilement à cheval ; la première fois que je l’ai vu, c’est à San-Stéphano où il arriva dans un arabat avec des chevaux attelés en flèche ; tous les Européens qui étaient la ne purent s’empêcher de rire en voyant le généralissime de l’armée turque descendre d’un pareil équipage. On sait qu’Hosrew-pacha fut d’abord un esclave de Georgie, élevé au sérail : on l’a vu occuper plusieurs pachalik, entre autres celui d’Égypte sous le règne expirant des Mamelucks. Comme capitan-pacha, il a commandé plusieurs expéditions maritimes contre les Hellènes ; le courage prudent qu’il a toujours montré, le bonheur qu’il a eu d’échapper aux révolutions de la cour et de l’empire, l’ont fait surnommer par les Francs l’Ulysse des Turcs. Ce qui reste du corps des janissaires trouve en lui un ennemi implacable, car à ses yeux un parti vaincu ressemble au serpent que le froid a surpris, et que le soleil peut réchauffer ; il ne connaît au pouvoir du sultan d’autre mobile que la crainte, et cette opinion ou plutôt cet instinct du despotisme l’a familiarisé avec tout ce