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corée avec la plus grande magnificence. Le dîner était servi à la manière des Francs ; cette fois, c’était l’ambassadeur russe qui avait prêté son cuisinier et son maître-d’hôtel ; on m’a dit que le sultan était entré dans les plus petits détails sur tous les préparatifs de cette fête ; l’étiquette musulmane n’a pas permis à sa hautesse de se mettre à table ; mais à la fin du dîner, elle n’a point dédaigné de paraître dans une assemblée d’infidèles ; je n’ai pas besoin de vous dire que tous les regards se sont portés vers le sultan ; je n’ai jamais vu d’homme plus embarrassé, plus intimidé : l’auteur d’une tragédie ou d’un mélodrame nouveau, qu’on traîne sur le théâtre après la représentation de sa pièce, est moins interdit que ne l’a été Mahmoud au premier abord ; cependant il s’est remis après quelques minutes ; il a adressé la parole à plusieurs ambassadeurs ; il a parlé aux dames avec une aisance pleine d’affabilité, et chacune d’elles a pu dire de lui comme madame de Sévigné de Louis XIV : il faut avouer que ce prince est un grand roi. Après le dîner, on a donné un beau feu d’artifice où nous avons admiré des éléphans, une mosquée avec son minaret, le Croissant dans tout son éclat et l’attaque ou la prise de Rhodes par Soliman. Tous les feux d’artifices donnés chez les Turcs, se terminent par cette conquête de Soliman, comme tous les dîners par le pilau. Nous sommes cependant bien loin aujourd’hui de la prise de Rhodes. Les étoiles