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d’ardeur ; au lieu d’achever le grand œuvre de sa réforme, il ne s’occupe que de faire voir ce qu’il a commencé ; il vient de passer deux revues pour nous montrer son armée et donner une fête au corps diplomatique.

La première de ces revues a eu lieu à San-Stéphano. Dès le matin, les troupes s’étaient rendues dans la plaine ; toute la diplomatie de Péra, hommes et femmes, s’est mise en marché de son côté, et s’est embarquée dans les caïques à trois où six paires de rames ; on avait dressé des tentes où chaque légation devait trouver un abri contre le soleil. J’ai suivi la foule des invités, et je suis entré dans la tente du réis-effendi, Hamid-Bey. Il peut se faire que le réis-effendi soit un homme de mérite ; mais on ne pense, en le regardant, qu’au grand sacrifice qu’il a fait au génie de la réforme, en adoptant le costume nouveau ; qui avait plus besoin que lui d’une robe flottante pour cacher des formes que la nature a trop négligées ? qui avait plus besoin du turban pour donner à une physionomie plate et commune une certaine dignité d’homme ? Le ministre de sa hautesse restait debout, position toujours incommode pour un musulman ; et ce qui devait l’embarrasser davantage, il avait la mission de faire les honneurs de la fête, de donner la main aux dames, et de leur adresser des complimens. Le grand Allah lui seul peut savoir quels efforts le ministre ottoman a dû faire pour imiter ainsi les ma-