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le bien prendre, qu’une espérance, une crainte, un doute, un péril ; elle ne devient une sécurité, un bien, une gloire, elle n’obtient l’approbation des hommes, que lorsqu’elle est accomplie, et qu’on peut jouir de ses bienfaits.

Sans partager ici l’opinion des censeurs, on est obligé d’avouer que le caractère du sultan manque de cette obstination, de cette ténacité si nécessaire aux grandes entreprises. On peut lui reprocher de mettre trop peu de suite dans ses projets comme dans ses goûts. On a remarqué que les femmes, l’étude, l’exercice de l’arc, les évolutions militaires, ont tour à tour, pour parler comme les Turcs, rempli les feuillets détachés de sa vie. Aujourd’hui, il ne voit plus, il n’admire plus, il ne recherche plus que les Francs. Voyez les Francs, dit-il quelquefois à ses courtisans, voyez-les beaucoup, pour apprendre à devenir des hommes ! Tel est l’esprit des Turcs, qu’il y a dans ces paroles du sultan de quoi motiver une sédition. Mahmoud ne peut l’ignorer ; aussi croit-on qu’il entre dans son amour pour les Francs beaucoup de dépit contre les Turcs, qui n’approuvent pas sa conduite et ne se laissent pas entraîner à ses idées. Quoi qu’il en soit, le sultan ne rêve maintenant que le bonheur d’obtenir l’attention et les suffrages de l’Europe ; il se fait extraire et traduire nos journaux dans lesquels il est question de lui. Au moment où je vous écris, cette passion d’une renommée européenne a redoublé