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Il s’en faut de beaucoup, sous ce rapport, que Mahmoud ait répondu à l’impatience du public ; on compte, dit un proverbe, les défauts de ceux qu’on attend, et Dieu sait quels reproches pleuvent aujourd’hui sur cette renommée qu’on se plaisait naguère à encenser ; les préventions contre le sultan sont si grandes qu’on revient sur tous les éloges qui lui avaient été donnés, la malignité remonte aux journées glorieuses du passé pour en effacer partout son nom ; on va maintenant jusqu’à lui disputer la gloire d’avoir triomphé des janissaires. On répète que dans le conseil assemblé pour apaiser la révolte du 16 juin, il commença par regarder autour de lui, pour voir quelle tête il pourrait jeter aux rebelles. Les hommes qu’il avait mis en avant, trop compromis pour s’arrêter, engagèrent le combat sans lui et malgré lui ; on ajoute qu’après la victoire, il voulut en avoir tout l’honneur, et qu’il est même devenu jaloux d’Hussein-Pacha, qu’il retient maintenant comme en exil à l’armée du Danube. Je ne vous donne ces détails qu’en hésitant ; il y a si peu de grands rois dans le monde, que je crains toujours d’en voir un de moins sur le tableau. S’il était vrai toutefois que le sultan n’eût pas commence la révolution, il peut aspirer du moins à l’honneur de la terminer, et cette tâche doit suffire à son ambition, s’il en connaît les difficultés. Une révolution commencée, lors même qu’elle n’a pour but qu’une réforme utile, n’est, à