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bien plus à faire pour dompter les esprits rebelles que pour soumettre les flots d’un torrent. En parcourant les forêts de Belgrade au milieu desquelles brille cette inscription dorée, on s’étonne que l’aspect de ces eaux, de ces charmans paysages, n’ait inspiré au poète que des flatteries de courtisan ; pour moi, j’espère que le lierre ou la mousse viendront couvrir un jour ces louanges en lettres d’or, et qu’il ne restera plus rien dans ces campagnes qui puisse, distraire le voyageur du beau spectacle que la nature offre de toutes parts ; j’espère, pour me servir d’une expression du poète, qu’on n’entendra plus dans ce lieu que le chant du rossignol mêlé au bruit des vents et des eaux.

Belgrade n’est plus ce qu’il était à l’époque où les ambassadeurs chrétiens venaient y passer la belle saison. Presque toutes les habitations de ce village ne sont autre chose que des cabanes dont la pauvreté contraste avec la magnificence de la nature qui les entoure. Au temps de milady Montague, Belgrade n’était habité que par les plus riches chrétiens ; on y chantait, on y dansait chaque soir ; les femmes étaient élégamment vêtues, et milady Montague croyait voir en elles les anciennes nymphes telles que nous les représentent les peintres et les poètes. Maintenant tout a bien changé ; plus de femmes semblables à des nymphes, plus de chants, plus de danses le soir autour de la fontaine. Les riches chrétiens ont pris