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impériale ; la pyramide qu’on aperçoit dans la vallée n’est pas seulement pour lui un pilier hydraulique, c’est la vallée qui porte à sa bouche le doigt de l’étonnement ; il est bon de noter ici que les Orientaux représentent la surprise comme les anciens représentaient le silence, c’est-à-dire avec le doigt sur la bouche. « Désormais, ajoute le poète, plus de trouble, plus de sédition, à moins d’une révolte de ces eaux contre leur digue ; sous le règne fortuné de Mahmoud, on n’appellera pas même rebelles les eaux du torrent, puisque l’auguste monarque a soumis leur cours à un bend impérial. On n’entend plus d’autre bruit que le chant du rossignol, depuis que l’empire du monde est heureusement soumis aux lois de cet empereur ; tant qu’à l’aube matinale l’éclatant soleil viendra sur les rives de ce bend, remplir jusqu’au bord sa coupe d’émeraude, ô dieu ! fais couler comme l’eau l’exécution de ses ordres, fais que tout ce qu’il désire soit accompli [1] ! »

Ceci est beau en poésie, mais je ne sais si le sultan Mahmoud peut croire, comme on le lui dit dans cette inscription, que tout est parfaitement soumis dans son empire ; depuis quelques années, le gouvernement est aux prises avec la révolte dans presque toutes les provinces, et Mahmoud aura

  1. Nous reviendrons ailleurs sur cette inscriplion turque dont nous devons la traduction à M. Desgranges.