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du matin où le crépuscule de la nuit ? Vous qui avez long-temps médité sur les causes qui tuent ou vivifient les états, c’est à vous d’interroger l’avenir ; vous pouvez nous annoncer les révolutions futures comme les nautonniers annoncent les orages ; vous pouvez nous dire d’avance l’heure des grandes choses comme on prédit sur les rivages de l’Océan le retour de la marée. Pour moi, trop inhabile et trop jeune encore pour savoir d’où viennent en politique les vents et les orages, je ne cherche point à lire comme vous dans l’avenir, et j’aime bien mieux écouter vos paroles. Le temps que je ne passe point à vous entendre, je l’emploie dans des promenades autour de la cité ; c’est ainsi que j’ai visité plusieurs fois les Eaux douces d’Europe, Belgrade et Pyrgos, les rivages de Scutari.

Le lieu qu’on nomme les Eaux douces d’Europe, se compose de deux vallons comme les Eaux douces d’Asie. Dans le vallon septentrional coule le Cydaris appelé par les Turcs Ali-Bey-Keuï-Souïou, du nom du village d’Ali-Bey, qui s’élève sur ses bords ; le vallon méridional, plus vaste et plus agréable que le premier, est arrosé par le Barbyzès qu’on.. appelle Kiaat-Khana-Souïou à cause de l’ancienne papeterie construite près de son embouchure. Les deux rivières se confondent, sous l’ancien promontoire de Sémystra, et vont se perdre ensemble dans le port de Constantinople. Après les beaux rivages du Bosphore, les vallons