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deux ; quelques-uns circulaient librement ; nous n’avons pas vu là des figures plus tristes qu’aux bagnes de Toulon ; le bâtiment de la prison n’a rien de remarquable ; on y entre par une espèce de corridor obscur ; le rez-de-chaussée est occupé par les rayas, le premier étage par les Turcs. Chacune des nations tributaires envoie au bagne ceux qu’elle a condamnés d’après ses propres lois et par l’organe de ses chefs. Les prisonniers couchent sur des nattes grossières ; ils n’ont point d’autre meuble qu’un vase rempli d’eau ; on leur donne pour leur nourriture et pour leur entretien trois petits pains de demi-livre et dix paras par jour ; la charité publique fait le reste ; les plus malheureux reçoivent des secours de leurs co-religionnaires ; les gardiens veillent sans cesse ; les captifs sont surveillés dans leurs travaux ; on les surveille lorsqu’ils sont malades, on les surveille encore lorsqu’ils meurent, car on craint qu’ils ne s’échappent sous le triste déguisement du cercueil ; dans une des salles réservées aux Turcs, nous avons vu un vieil Osmanli, à la barbe blanche, à la robe flottante, le front paré d’un turban ; il était assis à terre, et plusieurs de ses compagnons d’infortune formaient un cercle autour de lui. C’étaient des janissaires condamnés à passer leur vie dans le bagne ; comme ils ne travaillaient point, leur condition ne leur paraissait pas trop dure ; nous avions vu, en entrant