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part, j’ai voulu voir les prisons de Stamboul, j’ai voulu savoir si le despotisme, dans ses réformes, avait aussi songé à ses prisonniers ; j’aurais bien désiré avoir avec moi quelques-uns de nos docteurs de charité, et m’aider dans mes visites de la philanthropie savante de quelque comité avec son président ; mais je suis obligé de marcher seul dans une carrière nouvelle pour moi, et je crains bien que, dans tout ce que j’aurai découvert, il n’y ait pas même de quoi obtenir une mention honorable dans le concours des prix Monthion. Au reste, mon cher ami, c’est pour vous seul que j’écris, et j’espère que votre charité me pardonnera ce que mes renseignemens auront d’incomplet.

Nous avons commencé par les bagnes ; ce n’est pas sans peine que nous avons pu y pénétrer. Le capitan-pacha répondait toujours que, dans l’état où se trouvait l’arsenal, il avait quelque honte de le laisser voir aux étrangers. Après quelques jours d’attente, nous y sommes entrés sans permission et à l’insu du capitan-pacha. Nous voilà donc aux bagnes de Stamboul ; les anciens voyageurs nous font de ce lieu une peinture effrayante ; lorsqu’on l’a visité, on est porté à croire que les voyageurs ont mis de l’exagération dans leurs récits, ou que le gouvernement turc s’est relâché de ses rigueurs ; nous sommes d’abord entrés dans une cour entourée de hangars assez mal bâtis ; plusieurs prisonniers étaient étendus çà et là, enchaînés deux à