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regards ; enfin il y en avait partout une si grande quantité, que nos reliques troyennes finirent par perdre de leur prix, et nous crûmes devoir nous débarrasser d’un fardeau qui nous paraissait plus incommode à mesure que nos illusions s’évanouissaient. La manufacture des Dardanelles prépare dans un jour plus de ruines que n’en pourront jamais porter les savans et les antiquaires qui, comme nous, se laisseraient aller à de vaines conjectures et prendraient des tuiles ou des pots de terre brisés pour des restes vénérables d’Ilion.

Nous avons fait quelques promenades autour, des Dardanelles ; les campagnes sont fertiles et généralement bien cultivées ; quelques coteaux sont couverts de vigne, et le vin qu’on y recueille est fort estimé parmi les Européens établis dans le Levant. Nous avons visité les jardins qui sont à l’est de la ville ; là croissent ensemble le chou et l’oignon, la verte laitue ; la citrouille aux flancs larges, le melon aux côtés dorées ; ce n’est pas sans une certaine joie que j’ai reconnu nos abricots, nos poires d’Europe, nos prunes diaprées, nos pèches au frais duvet ; en revoyant des jardins semblables à celui de la chaumière qui m’avait reçu dans des jours malheureux, en revoyant l’humble marguerite, le pâle souci ; la jacinte odorante qui m’inspirèrent mes premier vers, en les retrouvant sous le ciel de l’Anatolie et si loin des lieux où je les avais chantés, je suis tombé un moment dans une sorte de rêverie qui m’a fait oublier les merveilles de l’O-