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choisi leurs instructeurs comme ils choisissent leurs médecins ; car on est persuadé en Turquie qu’il suffit de venir du pays des Francs pour savoir la médecine et la tactique ; on a pris tous ceux qui se sont présentés, et les plus habiles ont été le plus mal accueillis, parce que ce sont ceux-là qu’on comprenait le moins.

Ce n’est pas assez d’ailleurs que la discipline ait fait quelques progrès ; il ne suffit pas de passer des revues et d’exercer des soldats devant une caserne ; il faudra que toutes ces milices soient soumises à une dernière épreuve, à celle du champ de bataille. Toute guerre étrangère étant impossible, la guerre civile peut seule offrir à Mahmoud l’occasion et les moyens d’achever sa réforme commencée. La révolte des Albanais est, dit-on, apaisée ; mais que de rebellions peuvent naître encore dans une époque de décadence qui encourage toutes les ambitions ! Si la nouvelle armée du sultan triomphe des ennemis ou des révoltés qu’elle aura devant elle, alors la réforme aura la sanction de la victoire, et le succès sera pour les Turcs comme une décision du ciel ; si les milices succombent, il faudra bien se résigner, et dire avec les mécontens fanatiques que Dieu veut la ruine de l’empire d’Osman.