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manlis ne sont pas les citoyens d’une ville, les sujets d’un empire, ce sont des Musulmans plus ou moins fidèles à leur foi, et chez lesquels tout ce qui pourrait ressembler au patriotisme, est tout-à-fait subordonné au fanatisme religieux.

Les secours que Mahmoud ne trouve point dans son empire, il ne peut les recevoir des étrangers, car les ulémas ne laissent point oublier au peuple ces paroles du prophète : Celui qui prend les étrangers pour amis devient semblable à eux, et Dieu n’est pas le guide des pervers. Cette maxime, qui a long-temps séparé les Ottomans des nations de l’Europe, élève encore une barrière presque invincible entre la Turquie et les peuples policés. Lorsque le czar Pierre voulut civiliser les Russes, il fut plus heureux que Mahmoud. Après s’être délivré de la milice des strélitz, il eut quelque peine à faire tomber la barbe des Boyards et à les faire voyager hors de leur pays ; mais il put lui-même aller chercher en Europe les lumières dont il avait besoin ; il pût employer à son service des étrangers habiles, qu’il associa à la gloire de son entreprise. Le sultan Mahmoud, loin de pouvoir aller lui-même au-devant d’une civilisation inconnue dans son pays, n’a pu consulter jusqu’ici que quelques hommes qu’il oserait à peine avouer devant son peuple, et ne connaît nos lumières que par les donneurs d’avis établis sur la colline de Péra. Le sultan ne pourrait employer ostensiblement, ni dans