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est resté dans le peuple de l’esprit séditieux des janissaires.

La résistance qu’on oppose à Mahmoud est d’autant plus opiniâtre qu’elle est toute religieuse ; je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l’ascendant de la raison ne devait pas suffire pour réformer un peuple qui n’est point éclairé et qui n’est que superstitieux. Pour prendre son rang parmi les grands législateurs, Mahmoud aurait mieux fait de se présenter aux Turcs comme un inspiré, comme un prophète, que comme un philosophe et un ami des lumières ; les dévots musulmans l’accusent d’avoir oublié les préceptes du Coran ; pour moi, je lui reproche d’avoir oublié l’exemple de Mahomet, qui ne faisait pas, comme on sait, de la philosophie avec ses disciples, et qui, pour accréditer sa législation, ne s’est pas adressé à la sagesse humaine ; quand on veut réformer un peuple, il faut s’appuyer sur les passions, sur les opinions, et sur les préjugés qui existent, et non sur ce qui n’existe pas encore, sur ce qu’on ne connaît pas ; je ne crois pas qu’on puisse jamais faire une révolution politique en Orient, sans parler à l’imagination et à l’esprit religieux des peuples. Chez des nations où la foi n’arrive qu’à la suite des prodiges, il restait encore au sultan réformateur un dernier moyen d’influence, c’était la victoire. Malheureusement, depuis que son œuvre est commencée, Mahmoud n’a éprouvé que des revers ; en voyant ses flottes