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révolutions sont bonnes pour les jeunes gens. Cette nécessité de changer sa vie doit être plus pénible encore en Turquie que partout ailleurs ; il n’est pas de pays où l’on se règle plus d’après le passé. Le respect pour le passé est un caractère ineffaçable chez les Turcs ; ils le montrent en toute occasion, dans la politique comme dans la morale, dans les affaires sérieuses comme dans celles qui ne le sont pas ; si vous demandez à un Osmanli pourquoi le monde existe, il n’en verra pas d’abord d’autre raison, si ce n’est que le monde existait hier. C’est le passé qui est pour lui la vérité, qui est la justice, qui est la loi, qui est Dieu. Vous pouvez juger combien ce caractère doit être favorable aux abus, lorsqu’ils ont vieilli, et combien il est peu propre à seconder une réforme quelle qu’elle soit.

Nous avons vu les ulémas s’associer d’abord à la révolution du sultan Mahmoud ; ils ont bien cotisent à la destruction d’une milice rebelle, mais à condition qu’ils deviendraient les seuls conseillers du trône, et que par-là ils seraient les maîtres d’arrêter le mouvement où ils voudraient. Comme ils sont les interprètes de la loi religieuse, et que la loi religieuse se mêle à tout, il n’est point d’amélioration ou de réforme qu’ils ne puissent empêcher avec un article du Coran. Autrefois, les ulémas se servaient des janissaires pour faire de l’opposition au gouvernement. Ils s’appuient maintenant, pour conserver leur domination, sur ce qui