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qu’on est obligé de recommencer le lendemain, les esprits se refroidissent, les opinions se divisent ; d’un côté la lassitude, de l’autre la discorde, n’y a-t-il pas là plus qu’il n’en faut pour revenir au point d’où on était parti, ou tout au moins, pour porter ses regards en arrière ? Au premier jour d’une révolution, tout est simple, tout est facile ; à mesure qu’on avance, tout, se complique, tout devient problème, contrariété. La grande difficulté pour tous ceux qui font des révolutions, c’est de les conduire ; les révolutions, même celles qui ont pour mobile la nécessité des temps, ressemblent à nos aérostats, qu’on peut facilement lancer dans les nues avec un peu de gaz inflammable, mais qui, montés brusquement au plus haut du ciel, deviennent le jouet des vents, parce que le génie de l’homme n’a point trouvé le secret de les diriger.

Mahmoud sera-t-il plus heureux que tant d’autres ? À sa cour, les vieux Osmanlis hésitent à le suivre ; les uns craignent d’être supplantés par des jeunes gens, impatiens d’arriver aux affaires, et qui se prêtent plus facilement aux nouveautés ; les autres, et c’est le plus grand nombre, restent en arrière par la raison que leur pli est pris, et qu’ils ne peuvent changer leurs habitudes. Il n’y a rien de plus difficile dans le monde que d’apprendre à vivre, et le tort des révolutions est d’exiger qu’on retourne à l’école et qu’on désapprenne la vie. Je me rappelle ce que me disait le disdar d’Athènes : Les