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bles. Le lendemain, les deux janissaires étaient rendus à la liberté.

Je suis entré dans ces détails, parce que je veux vous apprendre ce que c’est qu’une révolution chez les Turcs ; pour savoir d’ailleurs ce qu’une révolution bonne où mauvaise peut devenir, il faut connaître quels sont les hommes qui l’ont dirigée et comment elle a été faite ; je ne suis pas de l’avis, d’Hussein Pacha, et je ne crois pas que la révolution ottomane soit finies ; ce que je vous dis sur les événement passés, vous servira peut-être un jour pour juger d’autres événemens qui peuvent arriver encore.

Toutes les révolutions du monde se ressemblent sous certains rapports ; je ne remarque dans celle des Turcs que ce qui est nouveau pour nous ; ce qui m’a le plus frappé dans tout ce qu’on m’a dit, c’est le silence qui règne au milieu des plus grandes agitations ; chez les Turcs, le trouble des esprits est souvent porté à son comble, sans que le pays paraisse agité ; dans nos villes de France, des factions ne font jamais rien sans bruit, et le char des révolutions ne roule qu’au milieu des clameurs populaires. Ici c’est la colère qui n’a point envie de se montrer, et qui ne sent pas le besoin de se répandre au dehors pour se satisfaire. Chez nous c’est la fureur qui s’encourage elle-même par ses discours, et qui semble craindre d’expirer, si elle ne s’échauffe par des imprécations et des menaces. On