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c’est de la mosquée d’Achmet, que doit partir le signal d’une véritable guerre sainte. À la vue du drapeau vert du prophète, à la voix des orateurs sacrés, l’assemblée des fidèles fond en larmes ; les petits et les grands, les étudians avec leurs maîtres, les imans avec leurs paroissiens ; les habitans de la cité et ceux des faubourgs, tout le monde prend les armes, tout le peuple musulman se lève comme un seul homme, et marche contre les ennemis de Dieu, rassemblés dans la place de l’Et-Maïdan.

Les annales de l’empire ottoman n’ont peut-être point de journée plus mémorable. L’observateur qui suit avec attention ce qui est arrivé depuis cette journée, s’afflige qu’on en ait si peu profité, et qu’un élan si généreux et si unanime n’ait produit que l’état de choses que nous voyons aujourd’hui. La gloire du 16 juin serait-elle donc pour les Turcs, la dernière qui leur fût réservée ? Il serait triste de penser que ce vieil empire, après avoir triomphé de l’aveugle obstination des janissaires, résistât comme eux aux leçons de l’expérience, et comme eux se repliât vers le passé, pour périr à son tour au milieu de la confusion et du désordre.

Telles étaient les réflexions qui préoccupaient mon esprit dans la place de l’Et-Maïdan. Assis sur des pierres couvertes de mousses, je parlais de l’avenir des Turcs avec mon interprète, lorsqu’un Musulman, portant un panier sur l’épaule, a passé