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tout à coup ; ce ne sont plus les charmans rivages de Thérapia et de Buyuk-Déré ; les saules et les peupliers ne vous donnent plus leurs ombres, et le long faubourg du Bosphore se trouve comme interrompu ; à peine trouve-t-on quelques cabanes sur ces rivages que d’anciennes secousses ont déchirés, et qui partout portent l’empreinte et la couleur des volcans. Des rochers noirs, des abîmes plus terribles que ceux de Carybde et de Scylla, effrayent les regards le long de la rive, et les vagues s’engouffrent en mugissant dans des cavernes profondes ; ce spectacle était bien fait pour épouvanter les premiers navigateurs. Parvenu au cap et au village grec de Fanaraki, le voyageur salue l’endroit où fut le palais de Phinée. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’il n’en reste plus aucun vestige ; quelques arbres, quelques plantes croissent à la place de la demeure du vieux roi, et les pauvres familles qui se sont bâti des cabanes dans le voisinage n’ont assurément jamais entendu prononcer son nom. Le cap Fanaraki se nommait jadis Ancireum, en mémoire des Argonautes qui laissèrent là leur ancre de Cisyque pour se munir d’une autre ancre de pierre plus solide et plus pesante ; vous vous souvenez que nous avons vu à Cisyque un promontoire appelé aussi Cap de l’Ancre, en mémoire des mêmes navigateurs. Il est probable que les marins des premiers temps changeaient d’ancre en changeant de parages, et qu’ils prenaient une