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Les chemins qui bordent les murailles de la cité sont environnés de sépultures ; partout on rencontre des tombeaux, lorsqu’on parcourt la campagne ; sur les deux rives du Bosphore, dans la vallée des eaux douces, partout des pierres plantées verticalement, où des bois de cyprès montrent de loin au voyageur de grands espaces de terre réservés aux morts. Comme les cercueils sont sacrés, et qu’on déplacerait plutôt une mosquée ou un palais qu’un sépulcre, on est sans cesse obligé d’ouvrir les fosses dans de nouveaux terrains, de telle sorte qu’on ne peut savoir où s’arrêteront les tombeaux. Je me perds quelquefois dans des calculs effrayans ; au bout de chacun de mes calculs, je ne vois point ce que deviendra la population vivante de ce pays. En supposant que chaque mort exige un espace de quatre ou cinq pieds carrés, ce qui est bien modeste, calculez un peu le nombre des pieds carrés occupés dès aujourd’hui par les sépultures. On regarde généralement comme une vérité démontrée, que la population d’une ville ou d’un pays se renouvelle, tous les vingt-cinq ou trente ans ; jugeons d’après cela combien il y a eu de morts à Stamboul depuis que les Osmanlis en sont les maîtres, combien il y en aura d’ici à un siècle, d’ici à deux siècles, et cherchez quelle place restera aux vivans dans un espace de vingt ou trente lieues à la ronde.

Vous savez que Constantinople fut souvent as-