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vallée des Noisetiers ne pouvaient concevoir que des hommes aussi sages, aussi raisonnables que nous le paraissions, eussent pu se résoudre à quitter leur pays, pour venir si loin ; ils ne s’expliquaient une aussi grande singularité, qu’en nous comparant aux oiseaux voyageurs. « Il faut que vous ayez, vous autres Européens, quelque chose de la nature et de l’instinct des cicognes, des grues et des oies sauvages que nous voyons arriver chaque année dans nos climats. » Je ne savais trop que répondre à nos anachorètes ; et je m’en suis tiré par quelques nouvelles phrases à la manière de Glaucus ; J’ai promis au Schéik d’aller le voir dans la vallée des Noisetiers ; vous serez bien reçu, m’a-t-il dit, et nous nous sommes quittés.

L’Anatolie est le pays de la Turquie où les cénobites musulmans se trouvent en plus grand nombre ; on compte plus de cent soixante teckés ou monastères dans l’Asie mineure. La plupart sont entretenus par des legs pieux ; ils ne possèdent point de riches domaines, comme certains couvens de notre Europe chrétienne ; nos moines d’Occident s’étaient enrichis en défrichant des lieux déserts, tandis que les dervisches ne se sont jamais occupés des soins de l’agriculture. Chaque tecké ne renferme qu’un petit nombre de cénobites, mais partout, des musulmans se font affilier à un monastère de leur voisinage et s’associent à la dévotion et aux cérémonies des dervisches ; la vie que mè-