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de Constantinople. Ainsi le seul aspect des tombeaux nous apprend qu’il y a eu de grandes réformes dans le costume et la parure des habitans de Stamboul ; si jamais on fait l’histoire du turban des Osmanlis, il faudra regarder les champs des morts comme de véritables archives, et les anciennes sépultures des Turcs comme le dépôt le plus fidèle des vieilles traditions.

Lorsqu’un homme meurt à la suite d’une condamnation, les parens rappellent quelquefois sur son mausolée la sentence et l’exécution du défunt ; le voyageur Olivier nous dit qu’on exprime par là l’intention de transmettre à la postérité le souvenir d’une barbarie où d’une injustice. Personne ici ne voit les choses de si haut et de si loin ; on ne fait point un appel à la postérité, c’est tout simplement la vanité qui s’applaudit, et qui rappelle aux passans que le mort a joué un rôle dans ce monde ; je ne crains pas même d’ajouter qu’en Turquie, il n’y a presque point de peines infamantes, et que l’opinion ne met aucune différence entre celui qui est tombé sous le glaive des lois, et celui que la foudre du ciel a frappé. Nous avons vu à la porte d’Andrinople la tombe d’Ali, pacha de Janina, décapité par ordre du Sultan ; cette tombe d’Ali porte l’inscription suivante : Ci-gît la tête du très célèbre tépédélenli-Ali, pacha du Sandjiac de Janina, qui, pendant plus de cinquante ans travailla à l’indépendance de la Morée. Il serait curieux de comparer cette espèce de pané-