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sa barque et l’a coulée dans la mer des grâces de Dieu ; plus, loin, on lit sur le tombeau d’un savant ou d’un poète qu’un flambeau est là caché dans la terre, et qu’il brillera parmi les astres du firmament ; qu’un rossignol a passé un moment dans ce monde, et qu’il va chanter dans les bosquets du paradis. On doit s’attendre à trouver dans un cimetière turc, les maximes de la prédestination ; c’est là que cette doctrine est bien placée, et que la résignation à la destinée s’allie naturellement aux regrets de la piété filiale, de la tendresse maternelle, de l’amitié restée solitaire ici bas. « Il était décidé, dit une mère y que ma fille, l’oiseau de mon cœur, qui vient de s’envoler de sa cage, ne vivrait que treize ans. » Les épitaphes qui ont le plus excité ma curiosité, sont celles qu’on a composées en l’honneur des femmes turques. Il n’eut pas été permis de prononcer leur nom, pendant qu’elles vivaient, on n’osait pas demander de leurs nouvelles lorsqu’elles étaient malades ; on ne craint pas maintenant de louer leur grâce et leur beauté ; ce sont des abeilles qui après avoir voltigé autour des orangers fleuris, viennent de rentrer dans la ruche céleste ; ce sont des fleurs qui ont brillé un moment dans les parterres de cette vie, et qui vont orner les jardins du ciel.

En parcourant les tombeaux des Turcs, j’y ai vu des turbans de toutes les formes, sculptés sur le marbre ; j’ai remarqué à cette occasion des formes de turbans qu’on ne rencontre plus dans les rues