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tion des bostangis, des troupes de marine et des janissaires chargés de veiller sur elle. Combien de fois un soldat farouche est venu porter la terreur dans ces banquets, empoisonner les plaisirs innocens de la famille ! Le bruit du cimeterre, la voix menaçante d’un bostangis remplaçaient tout-à-coup les sons de la lyre, les refrains joyeux, et des têtes couronnées de fleurs sont quelquefois tombées sous le fer barbare. Hâtons-nous de dire que ces scènes de cruauté ne se renouvellent presque plus maintenant : les gardiens du Bosphore montrent moins d’inhumanité, et la terreur n’apparaît sur ces bords qu’à de rares intervalles. Ces joies suivies d’alarmes, ces fêtes qui se terminent par le deuil, ce perpétuel contraste de l’amour et de la mort caractérise surtout ce beau pays d’Orient, cette contrée où, comme dit Byron, « le myrte et le cyprès sont les emblèmes des actions de l’homme qui l’habite, où la rage du vautour et l’amour de la tourterelle font naître tantôt des histoires mélancoliques, tantôt des récits de crimes. »

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