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contrée est fertile, et les habitans y ont conservé les mœurs simples des anciens temps. Des voyageurs qui l’ont traversée m’ont parle d’une vallée qui a huit ou dix lieues de longueur, et qu’on appelle la Vallée des Noisetiers à cause de la grande quantité de noisetiers qu’on y trouve. Cette vallée renferme plusieurs caravanserais, plusieurs, teckés ou monastères, dans lesquels les voyageurs reçoivent tous les soins de l’hospitalité antique. Nos dervische appartenaient à l’un de ces teckés ; ils ont quitté depuis quelques jours la vallée des Noisetiers, pour aller visiter un autre tecké, situé au-delà de l’Hellespont. Notre conversation avec les dervisches n’a pas été sans intérêt, et vous ne serez pas fâché d’en connaître quelque chose. Comme ils nous demandaient d’où nous venions et qui nous étions, il m’a paru piquant de leur répondre par les paroles que Glaucus dans l’Iliade adresse à Diomède. « Pourquoi me demandez-vous qui nous sommes et d’où nous venons ? Telles sont les feuilles dans les forêts, tels sont les hommes sur la terre ; les feuilles qui sont l’ornement des arbres tombent sous le souffle des vents, et la forêt qui reverdit en pousse de nouvelles. » Ces paroles empruntées à Homère, n’auraient pas paru suffisantes dans notre Europe à un officier de police qui m’aurait demandé mon passeport ; elles ont charmé nos dervisches, car elles ont un caractère tout-à-fait oriental ; toutefois nos cénobites de la