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mon inutile jeunesse ne vous a épargne aucune fatigue. Je n’ai pu qu’entrevoir la capitale musulmane, et je ne sais rien de ces grandes choses qui déjà vous sont familières. Puisque la ville des sultans m’a ainsi échappé, je vous parlerai du village que j’habite ; je vous dirai les mœurs grecques de Thérapia et de Buyuk-Déré ; je vous raconterai mes promenades sur les rivages voisins ; ce sont des promenades de convalescent, et je ne vais jamais bien loin. Seul ici, au milieu d’un peuple étranger, je n’ai personne à qui confier mes impressions et mes pensées : c’est un besoin pour moi de vous écrire, et si vous voulez que le soleil de Stamboul ne soit plus triste pour moi, si vous voulez que je retrouve la santé, songez à moi sur votre colline de Péra, envoyez-moi de vos lettres, et que le caïque du Bosphore qui va vous porter ma tendre amitié et mes tristesses revienne vers cette rive avec des consolations.

Je suis logé dans une maison grecque, construite en bois comme la plupart des maisons de Thérapia. La chambre que j’occupe est fort étroite, et n’a ni chaise, ni sopha, ni rien de ce qui peut ressembler à des meubles. Deux planches appuyées sur deux bancs supportent un vieux matelas recouvert d’un drap de toile ; c’est là mon lit, le seul meuble de mon appartement. À défaut de table, j’écris sur le devant de ma fenêtre ; aux heures du repas, on m’apporte un petit tabouret rond pour