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de leurs habitudes, mais ils ne se regardent pas moins comme des étrangers dans l’empire ottoman. Toujours résignés à supporter un maître, ne cherchant pour eux ni la domination, ni même l’indépendance, ils ne s’inquiètent point de ce que l’avenir leur prépare, ni de l’espèce dde gouvernement que les événemens peuvent leur donner. De toutes les libertés que les hommes recherchent, une seule leur suffit, celle d’exercer leurs talens industriels ; de toutes les révolutions qu’on redoute pour ce pays, ils n’en craignent qu’une seule, celle qui anéantirait leur industrie et les dépouillerait de leurs trésors.

Les Israélites qui habitent Constantinople, descendent des juifs espagnols qui, au nombre de huit cent mille, furent chassés des royaumes d’Espagne sous le règne de Ferdinand et d’Isabelle. Ils ont conservé, sur les rives du Bosphore, la langue de Castille, dont la fierté contraste étrangement, avec leur condition présente. On ne voit point les Juifs, comme les Arméniens et les Grecs, répandus dans plusieurs quartiers de la capitale et quelquefois mêlés avec les Turcs ; ils habitent exclusivement les quartiers de Kassa-Keui et de Balata, sur les deux rives du havre, les plus voisines de l’embouchure du Barbyzès. C’est là que cette nation se gouverne elle-même avec ses propres lois, comme si elle était encore dans la ville de David et de Salomon. Les Juifs ont un conseil suprême,