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peuvent croire encore qu’ils sont une nation ; car dans l’Orient, comme je crois vous l’avoir déjà dit, la croyance religieuse ressemble au patriotisme, et le sanctuaire de la religion est l’image de la patrie.

D’après ce petit tableau, pensez-vous qu’il soit facile d’apprécier la véritable physionomie des Grecs de Stamboul ? c’est un lieu commun de parler de l’enjouement des Grecs, de leur finesse et de leur ruse, de leur caractère inconstant et léger ; tout ce que les voyageurs nous ont, dit sur les Grecs de Constantinople a pu être vrai jusqu’à ce jour ; mais maintenant qu’ils ont disparu de la scène du monde, maintenant qu’ils sont mis à l’écart et ne se mêlent plus à rien, n’est-il pas permis de douter que leur physionomie soit restée la même ? Si vous m’interrogez sur ce qu’ils sont aujourd’hui, je vous avouerai que je n’ai là-dessus rien de précis à vous répondre ; ce ne, sont plus les Grecs de l’antiquité, ni les Grecs du Bas-Empire, ni même les Grecs du Fanar ; je puis ajouter qu’en ce moment la nation grecque de Stamboul ne ressemble plus à rien ; l’existence qui lui est restée est quelque chose de vague et d’incomplet ; gloire, honneurs, richesses, elle a tout perdu ; elle vit dans l’obscurité et la contrainte. Si elle a conservé quelques traits de son ancien caractère, combien ne doit-elle pas souffrir d’être réduite à cacher jusqu’à sa vanité ! La seule chose, qu’on remarque aujourd’hui dans les Grecs de Stamboul, c’est la crainte qu’ils ont