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de la capitale. Lorsque le discrédit de la monnaie est à son comble, les marchandises sont tarifiées, ce qui équivaut à notre maximum de 1793. Il y a long-temps qu’on n’en a vu d’exemples ; mais la crainte subsiste toujours ; ici plus qu’ailleurs on vit au jour le jour, et personne ne compte sur le lendemain ; les dernières révolutions ont beaucoup nui en général au commerce de la capitale ; tous les marchands se ruinent, et la misère ne dispose pas les esprits à la sécurité.

Nos financiers d’aujourd’hui diront sans doute qu’il manque à Constantinople une chose essentielle, c’est une Bourse ; il n’y a point de Bourse, en effet, dans aucune ville de la Turquie. On ignore ce que c’est qu’un emprunt, ce que c’est qu’une dette publique. Après le traité avec la Russie, deux grandes maisons de banque de Paris ont offert l’argent nécessaire pour remplir les obligations de la Porte envers le cabinet de Pétersbourg. On n’a voulu entendre aucune proposition ; le divan n’avait nulle envie de s’engager à payer une somme de cinquante millions par exemple, pour en recevoir seulement quarante ; car on ne se fait pas ici une autre idée d’un emprunt. Puisqu’on était dans la nécessité d’avoir des créanciers, on a mieux aimé avoir affaire à l’empereur Nicolas, qu’à MM. Lafitte et Roschild. Les Osmanlis d’ailleurs ne se soucient guère de multiplier leurs rapports avec les étrangers et de les admettre, à la connais-