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pistes, vous pensez bien qu’ils favorisent le moins qu’ils peuvent la circulation des ouvrages imprimés. Les manuscrits bien copiés sont fort rares et d’un très-haut prix ; tout ce qu’il y avait ici de bons livres persans, arabes et turcs, a été acheté dans les derniers temps pour être envoyé en Perse ; il semble que les muses d’Orient déménagent et qu’elles redoutent quelque prochaine catastrophe à Stamboul.

Si vous voulez vous procurer des ouvrages écrits en grec, en latin ou dans une de nos langues d’Europe, ce n’est pas au bazar des Turcs qu’il faut les demander. Il n’y a qu’un libraire à Constantinople qui vende des livres appartenant à nos littératures d’Occident. Je suis monté plusieurs fois dans sa boutique à Galata ; cette boutique, placée presque sous les toits, a cinq où six pieds carrés. On ne peut y entrer qu’en passant sur des volumes, on ne peut y rester qu’en se tenant assis sur des ballots de livres ; c’est là que sont logés tous nos beaux génies de France, d’Italie, d’Allemagne et d’Angleterre ; on ne saurait les trouver ailleurs ; encore ne sont-ils là que pour les étrangers qui passent. Rien n’est plus rare qu’une bibliothèque chez les Francs établis à Constantinople ; on ne voit dans nos couvens latins que des livres rongés des vers ; on trouve à peine quelques livres rassemblés au hasard dans les palais de France, d’Angleterre et de Russie ; je n’ai vu une biblio-