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nir de France. — Que voulez-vous ? nous autres Turcs nous n’en savons pas davantage. — Les Turcs ont néanmoins un très-grand respect pour le papier ; l’espèce de culte qu’ils ont pour le papier surpasse celui que nous avons pour l’imprimerie ; ils le regardent comme un moyen de propager la vérité et de publier les quatre-vingt-dix-neuf attributs d’Allah. On doit regretter, que cette pensée ne leur ait pas inspiré jusqu’ici les moyens de fabriquer de meilleur papier que celui qu’on leur envoie de Venise et de Trieste.

Après vous avoir conduit au bazar du papier, il est naturel que je vous conduise à celui des livres. Ce qui vous frappé d’abord dans ce bazar, c’est le religieux silence des artistes musulmans qui les uns copient des livres, les autres enluminent les écritures, d’autres, à l’aide d’un jaspe tranchant, polissent le parchemin et lui donnent du lustre ; ce travail pour les livres ressemble à une œuvre sainte, et les artistes du bazar ont l’air de prier. Le bazar des livres était autrefois interdit aux Francs et aux chrétiens ; un voyageur d’Europe osait à peine jeter en passant un regard furtif sur les nombreuses copies du Coran. Depuis quelque temps, la tolérance a fait des progrès ; aujourd’hui le Coran et les autres livres sacrés et profanes sont visibles pour tout le monde ; on les vend à quiconque veut les acheter. Presque tous ces livres sont des manuscrits ; comme les libraires turcs font le métier de co-