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bitans de Stamboul, si je ne vous parlais pas des chiens qu’on rencontre par bandes dans les rues et, sur les places publiques. Il serait injuste, dans mon récit de refuser à ces animaux le droit de cité, puisqu’ils ont une demeure ou une place marquée, et qu’ils partagent avec la police la garde de la ville impériale. Les chiens de Stamboul sont distribués en différens quartiers, et subsistent comme ils peuvent de ce qu’on leur donne où de ce qu’ils trouvent dans la rue ; les plus heureux sont ceux que la fortune a placés dans le voisinage d’un boucher ou d’un boulanger. Chaque bande ou chaque tribu a ses habitudes, ses privilèges et même ses droits acquis ; malheur aux chiens étranger qui viendraient se mêler à une bande qui ne serait pas la leur, et prendre une part de la curée à laquelle leur bonne fortune ne les a point appelés ! J’ai souvent vu ces combats, ces querelles, provoqués par la rivalité ou par la faim, et je me suis rappelé quelquefois, j’en demande pardon à la liberté et à l’espèce humaine, je me suis rappelé nos partis politiques, qui n’ont pas un caractère moins hargneux, un instinct moins exclusif, des passions moins jalouses, lorsqu’il se présente une curée quelconque, le budget par exemple. La population des chiens de Constantinople a beaucoup diminué depuis quelque temps ; le pain a valu jusqu’à vingt ou trente sous la livre l’hiver dernier, la viande en proportion, de sorte que la guerre des Russes