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du Mont-Thabor, sur les pains azymites, sur le culte des images, et mille autres subtilités enfantées par le génie de l’école grecque. Il arriva que le culte du moka et celui du chibouk s’établirent à peu près dans le même temps, qu’ils firent les mêmes progrès, qu’ils eurent la même persécution à souffrir. Le tabac eut d’abord des ennemis plus acharnés que le café, tandis que sa fumée faisait les délices d’un grand nombre d’Osmanlis, les docteurs de la loi la regardaient comme la vapeur qui s’exhale des chaudières de l’enfer, ou comme le souffle empoisonné du démon. Les sultans se mêlèrent de la querelle ; les fumeurs furent proscrits par Amurat IV ; ceux qu’on surprenait en flagrant délit étaient étranglés, et leurs têtes exposées en public avec l’instrument du crime, avec le chibouk, maudit. Vous pouvez juger ici du caractère et de l’obstination des Turcs. Le tabac n’avait, point perdu ses partisans ; le fanatisme persécuteur renouvelait de règne en règne ses tentatives, mais toutes les tentatives étaient vaines ; enfin le siècle présent a vu le sultan Mahmoud lui-même lancer une sentence d’interdiction contre la fumée odorante, et son arrêt n’a pu être exécuté. Le puissant empereur des Osmanlis a triomphé des janissaires mais la pipe lui a résisté.

La destinée du café a eu les mêmes vicissitudes ; quoique son usage ou son culte eût commencé par la Mecque, et qu’il eût été d’abord prêché par des