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permette de continuer leur route, et les matelots, les passagers, hommes femmes et enfans, sont campés au bord de la mer, sous des tentes formées avec les voiles des navires.

Quoique le détroit de l’Hellespont soit très-fréquenté, la navigation n’y est pas cependant sans difficultés et sans périls ; on rencontre presque partout des courans dont la force entraînante ne peut être surmontée qu’à l’aide d’un bon vent. Nulle part le canal n’a assez d’étendue pour que les grands bâtimens puissent y manœuvrer et maîtriser l’influence des vents contraires. Les navires, voguant presque toujours près de la côte ou de quelques écueils, sont obligés de jeter, l’ancre toutes les nuits ; on aperçoit quelquefois sur le rivage les carcasses des vaisseaux qui ont fait naufrage, et ces tristes débris sont un avertissement pour les navigateurs. Ce qu’il y a de plus incommode et de plus fâcheux pour la navigation en général, c’est que les mêmes vents règnent sur cette mer pendant plusieurs mois sans aucune interruption ; en été, ce sont les vents du nord ; en hiver, les vents du midi. Les vaisseaux ne peuvent descendre le détroit dans la saison où les vents viennent d’Afrique, ni le remonter dans le temps où règne la tramontane qui vient de la mer Noire. Ainsi, il est difficile d’aller par mer à Constantinople depuis le mois de juin jusqu’au mois de septembre, presque impossible d’en revenir depuis le mois d’octobre jusqu’au mois