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pables, et les punit sur place lorsqu’elle les surprend en flagrant délit ; quand elle ne les condamne pas sur-le-champ, l’affaire ne saurait traîner en longueur, car la justice musulmane ne se fait pas attendre, et ce n’est pas en cela qu’on doit accuser les Turcs de ne rien finir. Il est de règle ici qu’une procédure, une sentence et son exécution ne doivent pas employer plus de temps qu’Aristote n’en exige pour l’accomplissement des faits d’une tragédie ; tout cela-doit se passer dans les vingt-quatre heures. En parcourant les quartiers de Stamboul, il nous arrive presque tous les jours d’entendre les gémissemens de ceux à qui on donne la bastonnade, et nous rencontrons souvent dans les rues des gens qui viennent de la recevoir. Il est difficile de reconnaître ici la main de la police ou la main de la justice, car elles sont toujours si près l’une de l’autre, elles se ressemblent tellement qu’un étranger ne peut pas toujours les distinguer. Dans les affaires capitales, les bourreaux vont aussi vite que les juges, et les formalités sont bientôt remplies. Si le coupable doit être pendu, les bourreaux n’ont besoin que d’un clou et d’une corde ; la porte de la première boutique suffit à l’appareil de cette justice expéditive. Lorsqu’un homme doit être décapité, on l’exécute au coin d’une rue, et son corps reste là, avec son fiafta sur la poitrine, sa tête entre les bras, si c’est un Turc ; entre les jambes, si c’est un Raya. La multitude passe a côté