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les fontaines qui embellissent leurs demeures. On sait comment s’écoulent les nuits et les jours de ces belles captives, quelles sont leurs occupations, leurs joies, leurs chagrins ; on sait quelles passions jalouses les animent, avec quelle ardeur elles se disputent entre elles les rangs, les distinctions offertes à leur vanité. Tout le monde connaît les ruses qu’elles emploient pour échapper à la surveillance de leurs gardiens noirs ou blancs, et la chronique scandaleuse a divulgué les vices nés des contraintes de leur captivité et des précautions prises pour s’assurer de leur vertu. Enfin les harems du grand-seigneur n’ont plus de secrets pour la curiosité du public ; rien ne serait plus facile maintenant que de faire l’histoire de ce triste séjour de la volupté ; il n’en serait pas de même peut-être de l’autre moitié du sérail, où règnent des passions plus difficiles à pénétrer, et que s’est réservée la politique ténébreuse du pouvoir absolu.

On m’assure que le sultan a déjà fait quelques réformes dans le sérail ; le nombre des ikoglans est beaucoup réduit ; les jeunes esclaves qu’on élevait pour le service du palais impérial, sont placés maintenant dans l’armée régulière. Des charges dont les fonctions sont tombées en désuétude, ont été supprimées. On fait ainsi pour le sérail ce qu’on fait quelquefois pour une ville assiégée, on se débarrasse d’abord des bouches inutiles ; depuis que cette demeure impériale a perdu une grande partie des