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porté des fruits, du fromage, des gâteaux qu’on leur avait donnés dans les chaumières, mais pas un seul fragment de marbre ou de pierre qui eût pu appartenir à la ville de Dardanus. Il bien fallu prendre son parti et renoncer à une découverte. Les voyageurs qui nous ont précédés n’ont pas été plus heureux que nous ; aucun d’eux n’a pu reconnaître ni les ruines, ni l’emplacement de Dardania. Strabon, qui parle de Dardania, nous dit que cette ville changeait souvent d’habitans, ou plutôt que ses habitans ne restaient pas toujours dans le même lieu, ce qui semblerait prouver que la cité n’avait point de monument, et qu’elle voyageait comme une caravane. On ne doit pas s’attendre à la retrouver.

Comme nous marchions fort lentement, nous avons eu tout le temps d’observer l’Hellespont et ses rivages. Nulle part la largeur du détroit n’excède cinq ou six milles ; dans plusieurs endroits, ses deux rives ne sont pas séparées l’une de l’autre par la distance d’une demi-lieue. Si vous voulez vous faire une idée du large Hellespont, figurez-vous un fleuve immense, comme un des fleuves d’Amérique, roulant ses flots entre deux chaînes de montagnes, que son courant semble avoir séparées dans les temps primitifs. Ce grand canal qui ne ressemble aux autres mers que par la salure de ses eaux, ne féconde point, il est vrai, les campagnes qu’il avoisine ; mais toujours retenu dans son lit