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charmés de ce mouvement et de ce bruit qui semblaient nous annoncer rapproche d’une grande capitale.

Nous nous sommes remis en route vers les cinq heures du matin ; nos regards se portaient du coté de Stamboul, et nous croyions découvrir à chaque instant la grande cité des Osmanlis ; mais les vents nous empêchaient d’avancer, et nous avons été obligés de nous arrêter à San-Stéphano. San-Stéphano est un village habité par des Grecs et des Arméniens, à trois lieues de Constantinople. Lorsque nous sommes descendus à terre, nous avons pu distinguer les minarets et les tours de Stamboul. Ce spectacle nous faisait oublier toutes les contrariétés et toutes les misères de notre voyage. Je me suis rappelé que les croisés vénitiens et français s’arrêtèrent comme nous à San-Stéphano ou Saint-Étienne, qui était alors une abbaye. « Lors descendirent à terre, nous dit le vieux maréchal de Champagne, li contes et li barons et le duc de Venise, et fust li parlement au moustier Saint-Étienne. » Je regretté que Vilhardouin ne soit pas entré dans quelques détails sur ce parlement ou cette assemblée de la chevalerie chrétienne, et qu’il ne nous ait rien rapporté de ce que dirent alors les chefs de la croisade. Quels devaient être les sentimens et les pensées des chevaliers et des barons en présence d’une cité qui renfermait dans ses murs tout l’empire d’Orient,